mercredi 4 septembre 2013

Un Palais à Orvieto

Chère Marlena,

Tu me vois assez ébaubi de ce qui est pour moi une découverte. Un palais à Orvieto a beau être ton 3e roman, assez autobiographique semble-t-il, la semaine dernière c'était la première fois que je te lisais. J'étais tombé par hasard sur ton livre, au petit bonheur d'une librairie méridionale, et j'avais été charmé par la quatrième de couverture, qui annonçait des alléchants paysages ombriens et des ripailles à n'en savoir plus que faire.

Fines et recherchées les ripailles, puisque tu es un chef. Américain, le chef, ce qui fait dire à l'un de tes personnages que tu ne peux pas savoir cuisiner puisque, américaine, tu ne sais faire que des hamburgers et des hot-dogs.

Or donc, me voilà étonné et charmé. Bien sûr il y a un petit air de déjà-vu chez toi, celui du britton Peter Mayle et de son Année en Provence, ancien et pourtant toujours si agréable à (re)lire. Mais je me suis laissé tout de suite happer par ton rythme, mélangeant agréablement le Français (très bien traduit) et l'Italien (pas toujours très heureusement traduit).

J'ai adoré ta façon de parler des gens, des produits, des recettes et de très peu évoquer les paysages, l'environnement, pour laisser l'imagination du lecteur (ni mon semblable ni mon frère mais en l'occurrence, moi) vagabonder et créer des paradis artificiels, peuplés d'oliviers, de vieilles pierres et de cyprès immenses.

Bref, c'est ton rapport à l'autre qui m'a intéressé. A ton mari, vénitien, à ces italiens du centre, ni nordistes au profil plus suisse, ni du sud au profil clairement méditerranéen, à tous ces gens qui ont tous quelque chose de spécial, quelquefois même extraordinaire. J'ai ri à tes questionnements féminins et tes réactions ébahies face aux petites cachotteries, aux jeux de pouvoir auxquels se livrent TOUS les italiens, en dignes successeurs de Machiavel, jusqu'à l'achat de fringue que tu dépeins en une sorte de guerre des nerfs jouissive pour ton lecteur, hallucinante et incompréhensible pour toi.

Cette insécurité dans les relations qu'en tant qu'américaine tu ressens fait sourire le méridional que je suis. Ton roman parle donc des gens, de la bouffe, de cette table d'hôtes dont tu rêves et que finalement tu vas aider quelqu'un d'autre à ouvrir. De l'importance de la table, de ce qu'il y a dessus, mais surtout de qui il y a autour pour rendre heureux.

Un livre de partage, de plaisir, un livre philanthrope malgré tes angoisses. Bref, un livre de table de chevet, à lire sous une pâle lumière, soit de nuit l'été, soit un matin d'hiver. Dans les deux cas, on en ressort rempli, détendu et heureux. Enfin, moi en tout cas. Merci Marlena.

Amicalement, Hrundy V.

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