mercredi 25 septembre 2013

Beaucoup de bruit pour rien

Cher Kenneth,
Comme j'ai parlé de toi il y a peu, parce qu'en fait je t'avais vu à la télé tout simplement, il me revient en mémoire depuis plusieurs jours nombre de scènes de l'extraordinaire Beaucoup de bruit pour rien. Et notamment la paisible ouverte sur l'air de Tra, déri, déra. Insouciance. Et lumineuse Emma Thompson qui parle comme on dévore, avec gourmandise et des étoiles dans les yeux.

L'ouverture ensuite, grandiose, avec les héros chevauchant au ralenti, Denzel, Kenneth, Robert Sean, Keanu... Et puis tellement d'autres moments. Bien sûr, il faut aimer les dialogues, car les joutes oratoires que se livrent Benedict-Branagh et Béatrice-Thompson sont comme du miel... qu'ils se jetteraient à la figure. Tout coule, sonne bien, retentit ou s'engloutit selon l'humeur, la musique des mots chez Shakespeare est incroyable. Il y a vraiment quelque chose de jouissif dans son phrasé qui transporte. Enfin, je ne vais pas redécouvrir l'eau tiède mais tout de même, quel rythme ! Toutefois, pour avoir vu et revu et re-revu les versions française et anglaise je peux te dire mon cher Kenneth que les bouffeurs de grenouilles ont bien fait leur taf.

Pour autant, la rythmique en anglais est sans pareille. Et même si l'ancien Charlot Gérard Rinaldi double excellemment l'halluciné Michael Keaton, on ne doit pas passer à côté de sa prestation majuscule en V.O.

La parenthèse complètement déjanté que constitue l'apparition du connétable Dogberry et de ses acolytes idiots ne doit pas faire oublier l'excellent marivaudage qui est la base du film et de la pièce, deux histoires d'amour, l'une toute tracée entre Hero et Claudio, mais contrariée par le méchant Dom John, l'autre impensable mais arrangée, entre Bénédict et Béatrice.

Le casting est énorme, mais personne ne marche sur les pieds de ses partenaires et tous les seconds rôles peuvent se hisser au même rang que les premiers, je pense notamment à la bonhommie de Richard Briers en Leonato ou les gloussements viveurs d'Imelda Staunton en Margaret, que tu recroiseras (ou presque) chez Harry Potter en Dolores Umbridge. Chez Shakespeare, plus encore même que chez Molière, les seconds rôles sont essentiels et se taillent une part de choix.

Kenneth, je n'ai pas vu toutes tes adaptations de Shakespeare mais l'Indien que je suis a pleuré comme un veau devant Henry V et la tirade de la saint-Crépin, ri aux algarades faussement désintéressées entre Benedict et Béatrice, célibataires endurcis et libres penseurs...

Vraiment quel bon moment. Et quellle musique. Et quelle lumière. Rien que pour la lumière de Beaucoup de Bruit pour Rien, tu devrais être remercié.

Merci Kenneth.
Amicalement,
Hrundy V.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Tu peux t'étonner toi aussi :