lundi 28 août 2017

La sciure d'août

Cher Dieu,
Une fois n'est pas coutume, je m'adresse à toi. Et je t'avoue que ce n'est pas pour te louer. Je suis parti une semaine en vacances. Plus près de toi, dans les montagnes, la tête dans le bleu, les pieds dans le vert. Une semaine de bonheur et de légèreté, d'intelligence et d'amour, en famille. Je reviens, et de quoi m'aperçois-je, grand Toi ? Colin Meads, Jerry Lewis, Alain Berberian et John Abercrombie dans la sciure.

Bien entendu, la disparition de l'ancien deuxième ligne All Black ne marque en moi que le modeste historien du sport qui sommeille en chacun de nous, mais les autres sont tout de même sacrément marquantes, à comment par celle d'Alain Berberian. Cet homme a bercé mes années d'ado et d'adulescent avec Les Nuls. C'était l'homme derrière la caméra, réalisateur des émissions et du premier film de Les Nuls, La Cité de La Peur. Je ne compte plus les répliques que je leur dois. Cet homme-là avait un sacré sens du rythme, et c'est un point commun avec les deux autres disparus.

John Abercrombie me ramène aussi assez loin, dans ce temps où Philippe Adler présentait Jazz 6. En deuxième partie de soirée, lors des lourdes nuits d'été, sans autre lumière que celle du petit poste, la guitare ronde et chaude d'Abercrombie avait des accents oniriques. Elle envoyait directement notre esprit dans les étoiles, et le faisait flotter dans l'espace des heures durant, sans autre carburant que celui qui se coulait  comme un miel dans mes oreilles. Abercrombie, c'était du rêve et de la bienveillance.

La bienveillance, le dernier des disparus en avait à revendre. Jerry Lewis m'a fait rire, de l'enfance jusqu'aux débuts de la décrépitude que constitue le temps présent. Certaines séquences me font toujours rire, comme celle du brossage de dents de Mr. Miley (ici) dans The Disorderly Orderly. Ses rôles de Cendrillon masculin sont tendres et intelligents, et il ne rechigne devant rien pour faire rire de lui, avec lui, contre les méchants et les petits chefaillons du quotidien. Clown triste et gai à la fois, il n'a toujours pas d'héritier.

Ces gens-là avaient eu une belle vie, même si Berberian et à un degré moindre Abercrombie partent assez jeunes. Mais enfin, comme dirait l'autre (-qui ? - je ne sais plus), ça fait quelque chose...
Je te remercierai, cher Dieu, de ne pas rappeler trop rapidement tes canards les plus sauvages.
Merci d'avance, porte-toi bien, toi au moins,
Hrundy V. Bakshi.

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